L'haliotis, communément appelé "ormeau", "oreille de mer" ou encore "abalone" (sa dénomination anglaise), est un
mollusque gastéropode marin primitif qui comprend plus de 70 espèces dans le monde. Il appartient à la famille des
gastéropodes prosobranches.
On le rencontre dans les eaux peu profondes du littoral, depuis la surface jusqu'à 15 m de
profondeur, dans les eaux froides à subtropicales, dont en Atlantique, Manche et
Méditerranée.
Sa coquille en forme d'oreille est plate, épaisse et de forme ovale. Les stries de croissance sont bien visibles et donnent à la coquille un aspect plissé. La coquille de l'haliotis porte sur sa spire externe quatre à neuf protubérances percées, des pores respiratoires qui servent aussi d'orifices d'évacuation des excréments. L'intérieur est nacré, de couleur vert à rose irisé.
Dans la nature, la coquille se couvre rapidement d'algues et divers organismes marins (comme des balanes, des bryozoaires ou des vers tubicoles), ce qui permet à l'animal de se camoufler sur le substrat.
L'animal quant à lui, est de couleur brun verdâtre. Ses yeux sont bien visibles et son manteau est entouré de nombreux tentacules sensitifs qui sortent également des perforations de la coquille.
Les haliotis s'accrochent sur les
rochers par un pied très puissant. Les adultes choisissent en général une zone peu profonde où le
courant et les
vagues oxygènent suffisamment l'eau et ne se déplacent presque plus durant leur croissance.
L'ormeau vit donc sur les roches où il se nourrit d'algues qu'il râpe sur la roche, de morceaux de
laminaires, mais aussi de particules végétales en suspension dans l'eau.
Une espèce en danger
Les muscles de l'ormeau, grillés ou hachés, sont des mets de choix pour les connaisseurs. Outre les humains, ses seuls autres prédateurs sont l'étoile de
mer et, occasionnellement, la loutre de
mer.
L'ormeau est traditionnellement capturé pour la consommation en Australie, aux États-Unis, au Mexique et dans la région indo-Pacifique. Ses principaux consommateurs sont la Chine, le
Japon, la Corée, l'Europe, les États-Unis, Singapour et Hong Kong.
Sa perle et sa nacre, très recherchées, sont une des origines de la surexploitation des ressources en haliotis, ayant entrainé sa disparition sur une grande partie des littoraux.
Du fait de sa raréfaction en milieu naturel, l'élevage d'ormeaux est devenu une activité rentable. (En 1992 un abalone de culture de 7,5 cm de long se vendait 60 dollars le kilogramme, 30-40$ CAN/kilo au Canada.) Depuis, les prix de l'ormeau subissent une hausse constante, compte-tenu de la rareté des approvisionnements, de sa régression à l'état sauvage (surexploitation) et de la demande croissante de certains consommateurs.
En réaction à la disparition locale importante des haliotis, plusieurs pays ont imposé des quotas sévères de récolte ou une protection.
Certains pays comme le Canada en ont interdit la pêche, mais des élevages y sont encouragés ou autorisés.
La seule protection des haliotis ne semble pas suffire à permettre la reconstitution de population. Le Bamfield Marine Sciences Centre et des étudiants et bénévoles tentent de le réintroduire dans la nature à partir de « semis » de sujets d'écloserie (« haliotide pie », ou « ormeau nordique », Haliotis kamtschatkana) au Canada, depuis les années 2000.